Hadès - Puisque la mort est inévitable, oublions-la.

Voici mon caractère

L'idée qu'on se fait d'Hadès de façon générale est rarement la bonne. Ce n'est pas un sombre trou du cul qui règne sur les Enfers, vivant dans l'obscurité et se jouant du malheur des hommes. Il ne se nourrit pas de larmes de femmes battues, de rêves de bambins envolés ou des cris de souffrances d'étudiants en art sans le sous. Il préfère largement prendre un bon verre de rouge en lisant un bouquin de psychologie sur le développement des jeunes adultes de maintenant, confortablement installé devant sa cheminée. Hadès est bien plus calme et avec un meilleur contrôle de lui-même que ses frères qui ne semblent capable de réagir que par rapport à leurs instincts primaires. Le temps passé à ruminer dans son domaine souterrain lui aura peut être mit un peu plus de trois grains de jugeote dans le crâne. Fidèle à son nom, c'est un être des plus discret qui arrive sans difficulté à se faire oublier sans avoir besoin de son casque magique. Il se fait passe partout et modeste, silencieux et s'efface en un claquement de doigt. Il ne sait plus si c'est grâce à ça qu'il a réussit à éviter de s'empêtrer trop lourdement dans les histoires de famille compliquées ou si ce sont ces histoires qui lui ont permit de développer ces dons.

Mais Hadès n'est pas le dieu le plus détesté des humains et d'une bonne partie des dieux pour rien. Les sacrifices et prières sont inutiles et le laisse insensible. Il est sans pitié et son jugement est sans appel. Il ne se considère pas comme cruel mais juste. Son bar (portant l'amusant sobriquet du « Caveau de l'Eau-delà ») est une nouvelle porte vers le royaume des morts, bien plus accueillante et amusante. Hadès n'en reste pas moins impitoyable et inflexible quand il s'agit du jugement des morts. Les bons sont récompensés et les vipères punies. Personne n'est autorisé à remonter à la surface.

Il est las de devoir régner sur ce Royaume sombre, triste et hanté de démons. Etre directeur d'un quelconque service sous les ordres de son frère l'ennuie profondément. Il est compliqué pour Hadès de trouver un brin d'intérêt à jouer les faiseurs de miracle quand l'Homme tient depuis belle lurette les éléments dans le creux de sa main. Il est beau le Poséidon qui accourt dès qu'un humain ouvre un robinet. La foudre de Zeus n'effraie les mortels que pour une seule raison: le risque que tout saute. Pas étonnant qu'ils aient tous arrêtés de prier des divinités qui n'ont plus rien de divine.
Lui-même n'a jamais montré beaucoup d'intérêt aux hommes et n'est même plus amusé de les voir se débattre à tenté de vivre le plus longtemps possible. C'est que maintenant il faudrait un peu plus qu'une maladie ou un fléau divin pour leur faire peur.

Voici mon histoire

Paul Howard Rahim, comédien de doublage raté qui mit fin à ses jours peu après son trente septième anniversaire en s'ouvrant les veines. Il n'eut même pas l'occasion de se mettre dans une baignoire pour le faire. Son appartement était bien trop petit pour qu'il en possède une. Sa mort fut lente et douloureuse, à l'image de sa vie. J'espère que ce qu'on dit est faux, qu'il n'a pas vu sa vie défiler devant ses yeux. Elle était d'un ennui mortel. Pour je ne sais quel raison je me suis penché sur cet être lors de ses derniers instant, alors qu'il agonisait dans son salon et niquait complètement le tapis (de mauvais goût) de sa mère avec son sang. Il avait passé sa vie à se battre pour survivre, à se montrer inventif pour finir le mois sans crever de faim. Il s'était marié deux fois pour divorcer deux fois. Ses ex-femmes se sont retrouvées avec des gosses et des problèmes pleins les bras. C'était un accro à la marijuana et aux jeux pour ne rien arranger.
C'est donc tout naturellement que mon dévolu s'est posé sur lui, Paul Rahim qui n'intéressa jamais personne et dont la mort ne fera aucune vague.
Alors qu'il était en plein procès composé de juges impossible à corrompre je remontai à la surface pour la première fois depuis bien longtemps pour occuper son corps. De façon temporaire, bien entendu. Non pas qu'il en aurait besoin de si tôt. La plaine des Asphodèles l'attendait.

Il est important de souligner que je monte peu à la surface. Je n'aime pas me mêler ni de vos histoires ni de celles de mes frères et sœurs et de leur descendance. On m'a demander de veiller sur les Enfers et c'est avec un certain plaisir que je prend soin d'y rester (le goût amer de recevoir les restes n'est jamais vraiment parti mais il faut savoir ce contenter de ce qu'on a). Les dieux n'osent pas y descendre, dégoûtés par les résidents des lieux et intimidés par l'ambiance morbide et funèbre qui y règne, aux antipodes de l'Olympe et de ses fêtes perpétuelles. On ne célèbre pas vraiment la vie ici-bas et c'est d'un ennui sans nom pour mes frères. Les mortels, vous, avez toujours dans la tête l'Enfer du christianisme. Avec un diable qui court cul nu autour de gros chaudrons rempli d'âmes torturées, à donner des coups de fourche dans le tas en ricanant de façon sardonique. J'admets que c'est amusant comme image et j'ai pour plaisir coupable de venir dans les églises pour profiter des différentes représentations que vous offrez des démons en tout genre. Et à noter que ce sont des endroits calmes dans lequel je risque peu de croiser la famille.
Bref. Les Enfers ne sont pas des champs d'âmes torturées qui hurlent leur désarrois en espérant que Dieu les pardonne. Le seul dieu qui prend garde aux fantômes après leur jugement final ici-bas c'est moi et je ne suis pas un dieu d'amour et de pardon. Je crois aux lois et aux jugements, si j'ai le dernier mot il est rare que je change quoi que ce soit aux décisions prises.

Je ne pensais pas qu'il serait aussi difficile de rester concentrer sur cette rédaction. On reste persuadé qu'il faut tout vous expliquer alors que vous êtes devenu bien plus autonomes que nous. Les dieux se voilent la face mais ça fait bien longtemps que vous ne nous craigniez plus et cela pour une bien bonne raison (mis à part des guerres de religions, cela va de soi). Vous êtes indépendants, inventifs, curieux et intelligents. Vous avez réussit à dompter les éléments et la nature sans même que l'on ne s'en rende compte. Vous vous êtes débarrassé des dieux pour vous élever de nouveau au centre de l'univers. Et sans même qu'on ne se rende compte de quoi que ce soit, trop occupé que nous étions à regarder notre propre nombril.
Je me suis réveillé à la surface dans la peau de Rahim parce que le royaume des ombres m'ennuyait et Zeus avait réussit à piquer ma curiosité avec son histoire d'Olympus Corporation. Il n'st pas le dernier quand il s'agit d'avoir des idées saugrenues. J'avais, dans un premier temps, ignoré son appel, par provocation, par paresse, pour voir s'il daignerait réitérer son invitation en personne. C'était un pari lancé pour savoir combien de temps je réussirais à ne pas prêter attention à toutes ses agitations digne d'un enfant en quête de reconnaissance. Zeus adore être au centre de l'attention et je n'avais pas l'intention de l'encourager plus que nécessaire. Tout le monde connaît ses problèmes d'égo.
Puis Perséphone du remonter chez vous pour six nouveaux mois, délaissant les Enfers, m'abandonnant de nouveau.
Je ne me suis jamais habitué à nos séparation annuelles. Chaque nouveau désunion est plus douloureux que le précédent, les mois semblent devenir des millénaires, toujours plus longs, le royaume des morts n'en devient que plus macabre et lugubre sans elle.
C'est durant l'une de ses absence, celle de trop bien qu'inévitable, que je cédais et décidais de revoir mon frère.

S'il a été déçu de ne pas me voir arriver plus tôt, il ne l'a pas montré. S'il a été surpris de voir que je préférais posséder un corps plutôt que d'adopter de mon propre chef une apparence humaine, il n'a rien dit. Le drama et la tragédie est de famille. Nous faisons rarement les choses simplement, faire du bruit et aller dans l'excès est une passion commune sur l'Olympe. Je ne suis pas en reste bien entendu et il était évident que je devais faire une entrée tapageuse à Olympus Corp.
Ah, et ne vous inquiétez pas pour Rahim. Personne ne risque de reconnaître ce brave homme qui a été oublié de tous (même des huissiers, c'est pour dire). Si sa propre mère le croisait, elle ne pourrait  pas le reconnaître. Je vous vois déjà venir, outrés et scandalisés. Vous trouvez ça irrespectueux, s'approprier un corps qui n'est pas le sien. Mais son corps n'est plus à lui, son fantôme est dans mon royaume et il n'a plus aucune raison de revenir habiter un corps de chair et de sang. Ce n'est qu'une enveloppe ayant trouvé une nouvelle utilité.

Les dieux ont étrangement bien réussit à se fondre dans la société, avec l'aide non négligeable d'Hermès pour beaucoup d'entre eux (nous). Un des premiers avertissements de Zeus fut celui de l'anonymat. Il était et il est hors de question que quiconque sache que des dieux de l'olympe se ballade allègrement parmi vous. Je ne comprends pas vraiment sa façon de penser: il souhaite retrouver sa grandeur d'antan tout en cachant son existence? Est-ce vraiment judicieux de vouloir rester parfaitement anonyme après avoir créer une compagnie s'appelait Olympus Corporation, dirigée par des clampins sortit de nul part pour bons nombre d'entre eux. La discrétion n'a jamais été notre point fort.

Rédiger une note de blog sur moi, ma vie, mon œuvre est, aux yeux de Sa Grandeur, tout le contraire de la discrétion. Pourtant quel meilleur camouflage que de gueuler à la face du monde que je suis un dieu? Qui irait croire que James Moore est en fait Hadès lui-même? Personne. Je n'ai malheureusement pas le don de la prose et de l'écriture, ça ne sera pas un chef d'oeuvre. Personne en lisant ses lignes ne se dira « tiens, oui, les dieux de la mythologie grecque se sont réincarnés en business men pour s'occuper d'une des plus grosse entreprises mondiale, j'en suis convaincu ». Peut être que quelques malades iront crier aux Illuminati, au complot. Vous n'êtes plus aussi crédule qu'avant et il faut bien vous féliciter pour ça.

Je brille toujours autant par mon absence aux réunions de famille qui peinent à m'intéresser. Le contexte est peut être différent des milliers d'années plus tard mais je ne prend aucun plaisir à jouer a l'homme d'affaire occupé. C'est d'un ennui sans nom. Ma présence n'a jamais été particulièrement demandée avant alors je ne vois pas l'intérêt de devoir l'imposer maintenant sachant pertinemment qu'elle dérange plus qu'autre chose. Je préfère passer du temps dans un bar que j'ai montée de mes mains (vous connaissez la chanson) avec l'aide des mains de plusieurs acolytes. Le passage pour les enfers est beaucoup plus simple à trouver et c'est sur un ton bien plus festif que vous profitez de vos dernier instant avant le jugement par des videurs trop impressionnants pour la modestie du lieu. Je ne suis pas peu fier de l'endroit qui a déjà trouvé ses habitués. Zeus n'a pas réussit à mettre la patte dessus, ce bar sans prétention au premier coup d'œil n'est pas affilié à Olympus Corporation (ce qui relève du miracle quand on voit qu'il possède tout... jusqu'à 76% du marché du papier toilette par exemple).

A première vue j'aime me dire que mes habitudes de vie n'ont pas changées. Pourtant je passe un temps bien plus important chez vous plutôt que dans mon domaine sous terre. Pour un casanier dans mon genre ça relève déjà d'un miracle en soi. Certes une fois en haut je passe plus de temps en compagnie de mes plantes et de mes chiens qu'à vouloir absolument me mêler à vous comme le fait le reste de la famille. Une chose à la fois voulez-vous. En attendant prenez les paris. Peut être que d'ici une nouvelle poignée de millénaires j'en viendrais à faire la fête dans des boîtes de nuit à la mode. On arrête plus le progrès.

Je suis venu me perdre sur ce forum après avoir écouté les blablas incessants d'une petite pistache à plume qui chantait ses louanges. Ca fait un petit bout de temps que je ne me suis pas posé sur un forum qui m'a tapé dans l'oeil que ce soit pour le contexte ou le design et du coup je me suis dit que j'allais laisser sa chance à celui-là. En plus je connais un petit peu de monde, je ne viens pas en terres complètement inconnues.
Du coup pour l'histoire je suis un poussin intergalactique de 22 ans et je me porte bien. Bref et concis, y'a pas mieux pour parler de soi. Des bisous.