Les vieilles choses ont un certain charme. | Aaron

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Une certaine vision des choses voudrait que les premiers visiteurs d'une boutique d'antiquités aient dépassés la cinquantaine depuis déjà pas mal de temps. Or, Lisa ne l'avait même pas atteinte. Les vieilles choses attirent-elles les vieilles personnes ? Absolument pas. Si beaucoup ne s'y intéressent pas (et quel tort !), Lisa comme à son habitude, avait été atteinte par l'intarissable envie d'en savoir plus sur ces objets certainement pleins d'histoire.
Elle était tombée sur la boutique alors qu'elle partait à l'aventure dans le West End, fameuse partie de Londres fourmillant d'activité et d'affichages électroniques hauts en couleur. Autant dire qu'un endroit plein de "vieilleries" comme certains les qualifieraient, était facilement remarquable au milieu de ce champ "high tech". Intriguée, elle s'était arrêtée devant la vitrine et un petit sourire se dessinant sur ses lèvres lorsqu'elle vit ce qui était présenté. C'était tout de même assez paradoxal, quand on y pensait. On milieu de ces nouvelles choses, cette agitation, se présentait fièrement une boutique dont il se dégageait une sorte de calme. L'endroit semblait même appeler la jeune femme.
Sa curiosité lui quémandant d'être rassasiée, elle poussa la porte et entra. Evidemment, le lieu était bien plus impressionnant une fois à l'intérieur, répondant complètement à l'allure séductrice représentée à l'extérieur. Lisa flâna dans les allées, ses yeux s'attardant sur les objets présents en se demandant quelle était leur histoire, un éternel demi-sourire illuminant toujours son visage.

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Les vieilles choses ont un certain charme

Lisa Smith & Aaron M. Harper

Appuyé contre le comptoir, la joue appuyée sur ma main, je fais défiler mes notifications sur mon téléphone, commentant une publication Facebook entre deux réponses à des contacts professionnels et des clients. A première vue, c’est un comportement plutôt nonchalant pour un vendeur, j’en ai conscience, mais la vérité est que mon magasin est agencé de sorte que de mon comptoir je peux voir l’entrée de ma boutique, mais pourtant en entrant dans le magasin ce n’est pas dans ma direction que les gens sont attirés. Mon emplacement est la sortie d’un labyrinthe savamment créé pour perdre les clients à travers les rayons dès leur arrivée dans ma boutique. Je suis presque sûr que Dédale n’aurait pas fait mieux.
Un tintement m’annonce un client, ou en l’occurrence une cliente. Je me redresse mais elle ne me voit, et le la regarde disparaitre dans le magasin avec un sourire amusé – je suis parfaitement invisible en pleine vue ou alors je dénote pas dans le décor. Sachant d’avance que les clients n’aiment pas qu’on leur saute directement dessus en leur demandant s’ils ont besoin d’aide – puis si on veut vendre, il vaut mieux les laisser explorer la boutique d’abord – je laisse passer quelques minutes. Après avoir posté rapidement un tweet – professionnel voyons ! – je me glisse dans les allées, et rejoins la jeune femme, une brune qui doit avoir mois de trente ans, qui s’est penché sur des copies d’œufs Fabergé. Ceux-là sont en verre transparent, gravés à la main sur le thème de l’hiver, des petites merveilles que j’ai soigneusement mises derrière une vitrine. M’éclaircissant la gorge pour annoncer ma présence, je lui demande d’une voix douce, un sourire avenant aux lèvres : « Bonjour mademoiselle. Puis-je vous aider ? Je serais ravi de répondre à vos questions. ». Parce que questions, il y en a souvent. Les gens qui rentrent dans une boutique d’antiquités veulent connaître l’histoire des objets. Et j’excelle à raconter ces histoires.

©junne.

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« Bonjour mademoiselle. Puis-je vous aider ? Je serais ravi de répondre à vos questions. »

Fascinée par ce qu'elle regardait, Lisa n'avait pas entendu que quelqu'un s'était approché d'elle. Elle eu un petit mouvement de recul, et une expression étonnée se peignit sur son visage. Lisa était persuadée de n’avoir vu personne en rentrant, et voilà que cet homme surgissait de nulle part.

« Bonjour mademoiselle. Puis-je vous aider ? Je serais ravi de répondre à vos questions. ».

L’intéressée sourit doucement. Visiblement, il était le responsable de l’endroit, malgré son jeune âge. On pouvait imaginer de vieux hommes au bedon bien pendant … le cliché typique. Enfin, Lisa était bien placée pour savoir que les clichés n’étaient que de simples idées.
La jeune femme jeta un énième coup d’œil à ce qu’elle regardait avant son arrivée.

« Bonjour ! À vrai dire, je m’interrogeais. Pouvez-vous m’expliquer ce que c’est ? Je n’en ai jamais vu. »

Fronçant les sourcils, elle désigna la même antiquité qui l’intriguait. Encore une fois, elle plongeait dans un monde inconnu qui l’intriguait.

HRP:

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Les vieilles choses ont un certain charme

Lisa Smith & Aaron M. Harper

La surprise et l’étonnement se lisent sur le visage de la jeune femme, qui visiblement se pensait seule. Je retiens mon amusement, gardant mon sourire de vendeur bienveillant bien en place. Depuis des années que je fais le coup, ce n’est pas la première à réagir de la sorte, et je trouve toujours ça aussi drôle – bien que je prenne soin de ne pas laisser deviner à mes clients que je me moque d’eux, même gentiment. Finalement un sourire vient ornée son visage, la stupéfaction visiblement passée. Après m‘avoir jaugé un moment – c’est fou les préjugés qu’ont les gens sur les antiquaires – elle détourne son regard qui repart se poser sur les œufs en vitrines, juste de me saluer en retour et de m’interroger sur l’objet de son attention.

J’ouvre la vitrine – qui n’est pas fermé à clé, pas besoin, je sais comment me protéger plus efficacement des voleurs, les parois de verre ne servant qu’à protéger ce qui se trouve à l’intérieur – et je lui fais signe qu’elle peut toucher si elle le veut, tout en expliquer. « Ce sont des œufs de joaillerie, inspirés des œufs de Fabergé. » j’explique calmement. Voyant son intérêt piqué, je poursuis : « En 1885, le Tsar de Russie, Alexandre III décide d’offrir un cadeau d’anniversaire de fiançailles original à sa femme dont il était très épris. Il se trouve que cet anniversaire tombait à Pâques, et il était de coutume d’offrir des œufs décorés à l’époque, associé à la résurrection du Christ. Le Tsar fit donc appel à la Maison Fabergé qui s’était fait grandement remarqué pour ses œuvres magnifiques. Alexandre III commanda donc un œuf : l’extérieur est d’émail blanc opaque et l’intérieur d’or. A l’intérieur de cet œuf se trouvait une surprise : une poule d’or miniature. »

Ma voix a pris un ton profond alors que je parle, comme si je racontais une histoire et que j’étais pris dans la narration. Je sais que cela fait toujours son petit effet de rendre un objet vivant de la sorte, et je ne m’en prive pas, surtout que voir des clients écarquillés les yeux parfois comme des enfants n’a pas de prix. « Et dans cette poule il y avait une autre surprise : l’animal d’or s’ouvrait sur deux autres surprises : des miniatures de bijoux royaux. Le cadeau plut tellement à la reine que la Maison Fabergé reçut une nomination spéciale du tsar et d’autres œufs furent commandés, une cinquantaine en tout pendant plus de vingt ans, chacun contenant une surprise. Bien sûr de nos jours ces œufs-là coûtent une fortune, et il y a peu de chance qu’ils finissent un jour de ma boutique. »

Je lui fais un clin d’œil, détendant l’atmosphère, laissant le passé disparaitre au profit du présent. « Ceux-ci sont donc inspirés des œufs créés par Fabergé, réalisés il y a une vingtaine d’années – et vide malheureusement, pas de surprise à l’intérieur, je le crains. » Je lui fais un sourire d’excuse, espérant l’amuser un peu.

junne.

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